Les prévisions de récolte de blé revues à la baisse à cause de la météo
Excès d’eau, températures négatives et sécheresse sèment le doute chez les principaux pays producteurs de l’hémisphère nord et poussent les prix à la hausse.
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La météo a enrayé la spirale baissière dans laquelle les cours du blé étaient enfermés depuis août 2023. Ces derniers ont bondi de plus de 40 €/t en un mois s’affichant à un niveau de 255 €/t sur Euronext échéance septembre 2024. Les prévisions météo dictent l’évolution des prix, mais surtout le potentiel de rendement des futures récoltes estivales : c’est le « weather market ».
Les opérateurs ajustent leur position en fonction de la météo
Toute longue période de pluies excessives, sécheresse, températures trop élevées peut impacter le développement végétatif du blé. La fiabilité des prévisions se limitant à 15 jours, les opérateurs ajustent leur position en fonction de chaque mise à jour des bulletins météo et participent au retour de la volatilité des prix.
En Europe, les excédents de pluie pèsent d’ores et déjà sur la future récolte. En France et en Allemagne, des surfaces de blé n’ont pas pu être emblavées à l’automne. Elles chutent de 7,7 % dans l’Hexagone, selon Agreste, et de 4 % en Allemagne, selon le Coceral. Depuis les semis, les précipitations n’ont pas véritablement cessé.
Les notations de cultures s’affichent, selon FranceAgriMer, au plus bas depuis 2020 avec seulement 62 % des blés considérés dans un état « bon à excellent » contre 90 % en moyenne ces trois dernières années. Les prévisions météo à 15 jours envisagent une nouvelle dégradation laissant craindre une pression fongique élevée et un possible nouvel abaissement prévisions de rendements.
Aux États-Unis, la situation des blés d’hiver des grandes plaines a alimenté la hausse des prix. Selon l’USDA, 28 % des blés sont situés en zone de sécheresse en particulier dans le Kansas, berceau de production du blé américain. Dans les prochains jours, des pluies supérieures aux normales de saison pourraient toutefois stopper les dégâts. Le niveau de production n’est pas remis en cause à ce stade.
Une partie de la production russe hypothéquée
En mer Noire, les blés d’hiver, qui représentent 70 % de la récolte, n’ont pas été épargnés par la météo. Depuis deux mois, ils sont particulièrement concernés par l’absence de précipitations, amenant les analystes locaux à anticiper une baisse de production. La véritable panique du marché a eu lieu le 4 mai dernier lorsqu’une vague de froid descendue de Scandinavie a touché plus de 30 % des cultures. Les cours ont alors bondi de 10 €/t la journée suivante sur Euronext.
Le blé au stade épiaison a subi des températures de –4°C à –7°C. Les opérateurs locaux ont réduit les projections de récolte russe à 87 millions de tonnes en moyenne contre 93 millions de tonnes au début de mars. Les stocks russes sont attendus à leur plus bas niveau depuis cinq ans, à seulement 8 millions de tonnes selon l’USDA. Toute nouvelle dégradation des cultures pourrait amener la Russie à limiter son activité à l'exportation comme elle l’a déjà fait par le passé.
Les pays importateurs ne sont pas épargnés. Le Maroc est en proie à une grave sécheresse équivalente à l’année 2022. La récolte est attendue la plus faible depuis dix-sept ans. L’Algérie et la Tunisie ont également été impactées. Les importations devraient rester soutenues tout au long de l’année et participer à la tension des prix.
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